La retraite par capitalisation de la CAVP : un exemple à suivre
La retraite par capitalisation de la CAVP : un exemple à suivre ?
Alors que le système de retraite français fait régulièrement l’objet de débats sur sa pérennité et son adaptation aux évolutions démographiques, un modèle existant au sein des régimes de retraite complémentaires des professions libérales attire l’attention : celui de la Caisse d’Assurance Vieillesse des Pharmaciens (CAVP). Sa particularité ? Une combinaison intelligente de la répartition et de la capitalisation, qui en fait aujourd’hui une référence pour les réformes à venir.
La CAVP : Un Modèle Hybride Efficace
Depuis plus de 60 ans, la CAVP gère la retraite complémentaire des pharmaciens libéraux selon un principe dual. D’une part, comme la plupart des régimes français, elle fonctionne sur le principe de la répartition, où les cotisations des pharmaciens actifs financent directement les pensions des retraités actuels. D’autre part, et c’est là sa singularité majeure, elle intègre une part significative de capitalisation. Cela signifie qu’une partie des cotisations est placée sur les marchés financiers, générant des rendements qui serviront à financer les pensions futures.
Cette architecture hybride confère à la CAVP une résilience notable. Dans un contexte où le vieillissement de la population exerce une pression croissante sur les systèmes par répartition, la capitalisation agit comme un amortisseur. Elle permet de diversifier les sources de financement des pensions et de moins dépendre du seul ratio actifs/retraités. Concrètement, cette approche a permis à la CAVP de maintenir des revalorisations de pensions plus robustes que celles observées dans les régimes purement basés sur la répartition, protégeant ainsi le pouvoir d’achat de ses bénéficiaires face aux aléas économiques et démographiques.
Pourquoi la Capitalisation est-elle Pertinente aujourd’hui ?
Les défis actuels et futurs du système de retraite français sont bien connus : l’allongement de l’espérance de vie, la baisse du taux de natalité et les fluctuations économiques mettent sous tension l’équilibre des régimes par répartition. Dans ce contexte, l’introduction ou le renforcement de la capitalisation apparaît comme une piste sérieuse pour plusieurs raisons :
- Diversification des risques : Elle permet de répartir les risques entre les générations et les marchés financiers, rendant le système globalement plus stable.
- Potentiel de rendement : Bien gérée, l’épargne capitalisée peut générer des rendements qui s’ajoutent aux cotisations, augmentant le montant final des pensions.
- Moins de dépendance démographique : La part capitalisée est moins directement impactée par les évolutions du rapport entre cotisants et bénéficiaires.
Vers une Généralisation du Modèle ?
C’est dans cette optique que le groupe « Les Indépendants » a récemment proposé, dans le cadre du Projet de Loi de Financement de la Sécurité Sociale (PLFSS) 2025, d’introduire une part de capitalisation pour les retraites du secteur privé. L’objectif est clairement d’inspirer les réformes futures des régimes de retraite obligatoires en s’appuyant sur des exemples concrets de succès comme celui de la CAVP.
Par ailleurs, des outils d’épargne retraite individuelle, comme le Plan d’Épargne Retraite (PER), existent déjà et permettent à chacun de constituer une épargne par capitalisation. Avec ses avantages fiscaux et sa flexibilité (sortie en rente ou en capital), le PER constitue une voie déjà ouverte pour compléter les pensions issues des régimes obligatoires.
Conclusion
Le modèle de retraite de la CAVP démontre qu’une approche combinant répartition et capitalisation peut offrir un système de retraite plus robuste et plus protecteur pour ses adhérents. Face aux enjeux des prochaines décennies, il est fort probable que l’exemple des pharmaciens inspire les réflexions et les décisions politiques visant à assurer la pérennité et l’équité des pensions pour tous les Français.